dimanche 26 janvier 2014

La psychiatrie

(Article écrit en Mai 2011)

En ce moment je suis une formation sur les souffrances psychiques.

Après avoir travaillé en psychiatrie durant presque deux ans, enfin, j’obtiens cette formation que j’attendais tant. Ce qui est amusant c’est que je ne travaille plus en psychiatrie aujourd’hui ! Mais vous vous en doutez, si mon employeur me suggère cette formation c’est parce que je suis amenée à rencontrer et travailler avec un public touchant de loin ou de près à la psychiatrie.

Cette formation est très bien faite, on passe en revue les pathologies les plus couramment rencontrées au quotidien et on échange sur « comment ça marche », quelle conduite tenir, comment aider au mieux la personne, etc. Vraiment intéressante cette formation.

Comme je vous le disais, lorsque je travaillais en psychiatrie j’aurai bien aimé avoir cette formation. Tous les jours j’entendais des termes comme trouble bipolaire, décompensation, neuroleptiques, traumatisme frontal, psychose (voire psychose puerpérale), borderline, korsakoff, ambivalence, anosognosie (j’arrive jamais à le dire celui-là !) et tous leurs amis. J’étais gênée de ne pas toujours savoir ce que ces termes voulaient dire alors quand je les entendais lors des réunions avec les médecins anti-social (et non pas antisociaux), je hochais de la tête pour montrer que mon 2e prénom c’est Larousse donc je connais tout. Mais je les notais discrètement sur mon cahier pour penser à aller chercher la définition dès que possible. Définition que j’oubliais à peine trouvée bien souvent !

Bien sur, durant ma formation d’AS, tout comme vous (enfin la plupart d’entre vous) j’ai eu un module « psychologie » durant lequel nous avions évoqué dans les très grandes lignes quelques notions de psychiatrie. Mais de loin insuffisantes pour mon poste.

Au delà de cet apport théorique, cette formation me replonge dans ce monde que j’avais tant apprécié. La psychiatrie a ses côtés mystérieux, tabou, dérangeant, effrayant et passionnant que j’aimais côtoyer. Oui, je dis bien passionnant (je sais que des lectrices sont AS en psy, je vous vois venir !) car avoir la possibilité d’être au quotidien avec des personnes qui n’ont pas toujours conscience de leur état de santé, des personnes qui vivent « dans leur monde », des personnes imprévisibles demande beaucoup d’énergie, de contrôle de soi, de patience. J’ai souvenir de mes fins de journée quand, avant de reprendre la route pour parcourir 90km et rentrer chez moi, avec mes collègues psy on se payait une tournée… d’Efferalgan !
Au fond, ce qui m’attire tant dans la psychiatrie c’est ce qui se passe au niveau neurologique. Allez savoir pourquoi, je trouve captivant l’activité d’un cerveau et ses conséquences sur l’ensemble du corps, sur notre comportement et donc, sur notre vie.

J’aimais beaucoup mon travail avec les patients, mais avec l’équipe c’était une autre histoire. Le manque de personnel et de moyen financier de la clinique fragilisait l’ensemble. Une lourde ambiance de précarité à tous les niveaux flottait dans l’air : turn-over des salariés (4 AS en 3 mois avant que je n’arrive !), médecins surchargés, patients déstabilisés par tous ces changement de personnel… Une équipe complètement désolidarisée dans laquelle la loi du « un pour tous, chacun ma gueule » règnait clairement. Autant dire que lorsqu’il nous arrive un incident, on est seul. Ce qui m’est arrivé mais je vous le raconterai dans un autre article ! (Faut bien mettre un peu de suspense et tenir mon lectorat en haleine)

Etre AS en psychiatrie est un boulot très enrichissant : on joue le rôle d’éducateur, de tuteur, d’écrivain public, de médiateur, d’animateur, de chauffeur de taxi, de secrétaire et accessoirement d’assistante sociale. J’avais régulièrement cette impression d’être un peu le « fourre tout » des collègues notamment lorsqu’un patient posait une question et qu’ils n’avaient pas la réponse (ou qu’ils ne la cherchaient pas !). Par exemple, j’ai reçu une fois un patient envoyé par une infirmière qui a attendu 15 jours son rdv à cause de la forte demande, qui souhaitait juste téléphoner à sa mère pour lui demander de ramener du shampoing. L’infirmière intérimaire lui avait répondu que pour les démarches diverses fallait voir avec moi !

J’ai beaucoup appris durant ces « presque » deux années, aujourd’hui j’admire les AS qui travaillent dans ce domaine, qui bien souvent sont très seules dans leur travail et doivent faire face à une lourde demande.

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